La trajectoire prometteuse d’un joyau du basketball tricolore
1. Des racines solides pour un destin haut perché
Dans la constellation du basketball français, le nom Rupert brille déjà d’un éclat particulier. Fils de Thierry Rupert, ancien capitaine de l’équipe de France de basket, et frère de Iliana Rupert, star montante de la WNBA, Rayan Rupert est né le 31 mai 2004 à Strasbourg, avec la balle orange dans les gènes. Dès son plus jeune âge, ses aptitudes physiques exceptionnelles et son intelligence de jeu laissent présager un avenir lumineux.
Son enfance est bercée par les matches de son père et les entraînements en famille. Il grandit entre les cultures martiniquaise et marocaine, une double identité qui lui forge un caractère souple et déterminé. En 2019, alors qu’il n’a que 15 ans, il intègre le Centre Fédéral de l’INSEP, la fabrique à champions du sport français. Là, il rejoint une tradition d’excellence où l’on façonne les meilleurs talents du pays, des Tony Parker aux Evan Fournier. À l’INSEP, il joue en Nationale Masculine 1 (NM1) avec Pôle France, accumulant une précieuse expérience face à des adultes, bien plus aguerris physiquement.
À seulement 17 ans, en 2022, il prend une décision audacieuse et signe avec les New Zealand Breakers, en NBL (National Basketball League), dans le cadre du programme Next Stars, initié pour propulser les jeunes talents internationaux vers la NBA. Un choix risqué mais réfléchi : Rayan veut sortir du cadre européen pour se confronter à un basket plus physique, plus rapide, plus professionnel. Il suit ainsi les traces d’autres Français comme Ousmane Dieng, drafté en 2022 après une saison en NBL. Dans ce contexte très exigeant, Rupert montre un mental d’acier et s’impose dans les rotations, malgré son jeune âge.
2. Un style hybride au service du collectif
Rayan Rupert, c’est avant tout un corps taillé pour la défense moderne. Du haut de ses 1,98 m pour 88 kg, il possède des bras interminables, une mobilité latérale impressionnante et une intelligence défensive rare. À seulement 20 ans, son instinct défensif rappelle celui des meilleurs « 3&D » actuels de la NBA. Il peut défendre sur trois, voire quatre positions, un atout majeur dans une ligue qui valorise la polyvalence.
Mais Rupert n’est pas qu’un chien de garde sur le parquet. Son handle s’est considérablement amélioré entre sa saison rookie et sa deuxième année à Portland. Il attaque désormais le cercle avec plus de détermination, se créant des espaces grâce à une meilleure utilisation de ses appuis et de son changement de rythme. Son shoot, bien qu’encore perfectible, repose sur une mécanique propre. Son pourcentage à trois points (35,9 % lors de sa première saison) laisse entrevoir un potentiel réel dans le tir en catch-and-shoot. Sa progression est continue, méthodique, bâtie sur le travail et l’humilité.
Son profil colle parfaitement à celui du joueur de complément indispensable dans une équipe ambitieuse : défenseur élite, capable de shooter et de poser quelques dribbles pour créer une action. Dans un effectif bien structuré, Rupert pourrait devenir ce qu’on appelle en NBA un « glue guy », celui qui ne cherche pas la lumière mais qui fait briller les autres.
3. De Strasbourg à Portland : les étapes d’un envol
Le 22 juin 2023, lors de la draft NBA, Rayan Rupert est sélectionné en 43e position par les Portland Trail Blazers. Il signe officiellement le 4 juillet 2023. Dans une franchise en reconstruction, il arrive avec l’étiquette de prospect défensif, jeune mais ambitieux. Dès ses premiers matches, il impressionne par son intensité et sa volonté de bien faire. Ses statistiques restent modestes, mais son impact se mesure au-delà des chiffres.
Lors de sa saison rookie (2023-24), il dispute 39 matches avec 12 titularisations. Il joue 16,2 minutes par match, pour une moyenne de 4,0 points, 2,4 rebonds et 1,6 passes, avec 33,5 % de réussite au tir. Un rôle intermittent, mais formateur. Il est régulièrement envoyé en G League, chez le Rip City Remix, pour accumuler du temps de jeu. Là-bas, il brille : 18,9 points de moyenne en 2024, contre 13,4 l’année précédente, à 49,7 % au tir. Son passage en G League n’est pas une punition, mais un tremplin pour progresser.
En NBA, ses minutes chutent à 8,8 par match lors de sa deuxième saison (2024-25), mais ses performances se stabilisent. Il affiche un pourcentage de 40,8 % au tir, un net progrès sur sa finition près du cercle. Sa capacité à marquer en pénétration et son sang-froid sur la ligne des lancers (76,7 %) montrent des signes de maturation offensive. Il bat même ses records personnels avec 19 points contre Utah, 13 points et 10 rebonds contre les Lakers, et 20 points face au Jazz, lors de sa meilleure semaine en avril 2025.
Cependant, l’ombre plane toujours sur son rôle à long terme à Portland. Coincé derrière des talents comme Shaedon Sharpe ou Toumani Camara, il doit batailler pour gratter des minutes. Sa troisième saison sera décisive : soit il s’installe durablement dans la rotation NBA, soit il devra envisager un rôle de « two-way player », partagé entre G League et NBA.
Rupert reste un joueur très jeune, avec un potentiel défensif immense. Comparé parfois à Nicolas Batum, autre Français passé par Portland, Rayan pourrait évoluer dans la même veine : discret, élégant, mais essentiel. Il bénéficie d’ailleurs des conseils avisés de Batum, devenu un mentor à distance.
Conclusion : Un diamant encore en taille
À 21 ans, Rayan Rupert n’a pas encore livré tout son potentiel. Drafté sur sa défense, il construit peu à peu un arsenal offensif solide. Son éthique de travail, son humilité et sa polyvalence en font un profil extrêmement intéressant pour n’importe quelle équipe NBA. Il sait que rien ne lui sera donné. À l’image de sa sœur Iliana, il veut tracer son chemin avec patience et exigence.
Le garçon timide de Strasbourg est désormais un professionnel aguerri, voyageant entre la G League, les parquets NBA, et l’équipe de France espoirs. S’il continue de travailler, d’écouter, et de prendre confiance en son tir, nul doute qu’il deviendra un joueur important dans le paysage NBA dans les années à venir. Et pourquoi pas, un jour, un pilier des Bleus aux Jeux olympiques.